“Les messages secrets dans l’histoire” par Michel DEBIDOUR, à l’espace Pré Texte.

Depuis toujours les hommes ont cherché à transmettre des informations en les cachant, et  inversement à percer le secret des messages. Or cette histoire est, par nature, mal connue. On cache des messages pour 4 raisons : les trésors, l’amour, le commerce et surtout la guerre. On peut cacher le message lui-même (stéganographie) ; on peut aussi changer les lettres (substitution : le système dit de Jules César), ou bien mélanger les lettres dans un ordre convenu (transposition). L’évolution des pratiques est étroitement liée aux modes de transmission à distance : les feux, les sons, le télégraphe optique, le télégraphe électrique, la radio.

Au commencement…

A Sparte, on a inventé la scytale. L’historien grec Polybe est à l’origine du « carré de Polybe » ; Jules César a, lui, eu l’idée de décaler l’alphabet de 3 cases.

On a pratiqué aussi les codes à dictionnaires, comme le Grand Code de Louis XIV.

Avec la Renaissance, Blaise de Vigenère invente la substitution polyalphabétique, procédé qu’on a cru indécryptable, jusqu’à Charles Babbage au XIXe s.

L’époque moderne

La période qui va de 1871 à 1914 voit l’apogée de l’école cryptographique française, marquée par la défaite de 1870 : entre autres, le personnage d’Auguste Kerckhoffs, un linguiste néerlandais qui jette en 1883 les principes de la cryptographie moderne. Et en 1885 paraît aux USA la brochure du trésor de Beale en Virginie, sur lequel tant de chercheurs se sont acharnés… sans encore trouver le trésor !

C’est aussi l’époque des codes commerciaux dont l’usage apparaît dans l’Affaire Dreyfus.

En 1917 les Anglais décryptent le télégramme Zimmermann par lequel le gouvernement allemand suggère au Mexique d’attaquer les USA pour récupérer les provinces perdues !

En juin 1918 le capitaine Painvain décrypte le « radiogramme de la Victoire » qui permet de contenir la dernière attaque allemande près de Compiègne.

Entre les deux guerres la machine allemande Enigma va mécaniser le système polyalphabétique. C’est pour le décrypter qu’Alan Turing mettra au point les « bombes » qui ouvriront la voie aux premiers ordinateurs.

Aujourd’hui

Aujourd’hui, il existe un système absolument indécryptable, l’inconvénient est qu’il faut communiquer à l’avance une clef aussi longue que le message…

Décrypter est une science et un art, et demande à la fois rigueur et intuition.

Une fois la langue connue, il faut analyser les fréquences, partir des « mots probables ».

Enfin la cryptographie touche aussi à la morale : cette guerre de l’ombre est-elle honorable ? Est-il légitime d’intoxiquer l’ennemi une fois qu’on a percé son code ?

Pour terminer, le superbe et mystérieux manuscrit Voynich, encore non déchiffré.

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